Morane-Saulnier Rallye 100S, la sauvegarde des derniers « Canaris »

Conçu par Morane-Saulnier, le MS.880 Rallye a fait son premier vol à Villacoublay le 10 juin 1959. C’est un avion de tourisme léger entièrement métallique. Il était équipé d’un moteur Continental de 90 cv, et possède une aile basse équipée de bords d’attaque automatiques.

En 1965, Morane-Saulnier devient filiale de Sud Aviation, et pour l’occasion est créée une société annexe, la Société de construction d’avions de tourisme et d’affaires (SOCATA).

Celle-ci assembla diverses versions du Rallye : le 110ST, un biplace équipé d’un Lycoming de 110 Ch, le 180T, un remorqueur de planeurs ou de banderoles équipé d’un Lycoming de 180 Ch, Le 235 GT, un ADAC à la cellule renforcée, et moteur

Lycoming de 235 Ch. En 1979, le Rallye changea de nom pour s’appeler : le Galopin (Rallye 110ST), le Galérien (Rallye 180T), le Gabier (Rallye 235GT) et le R235 Guerrier, version militaire du Gabier.

Environ 3 300 Modèles furent construits, dont le PZL 110 Koliber sous licence en Pologne.

Au sein de l’Aéronautique Navale

En 1974 l’Aéronautique Navale veut remplacer ses MS 733 Alcyon vieillissants. Le Morane Saulnier MS893 est choisi et va désormais opérer au sein de la SVS (Section de Vol Sportifs).

Le 23 avril 1974, les appareils partent pour être affectés à la BAN de Lanvéoc Poulmic en Bretagne.

En 1975, la Marine prend livraison de 6 autres Rallye (2582, 2583, 2584, 2585, 2586 et 2587). Ces appareils, ne rejoignent pas la Bretagne (à l’exception du 87) mais la BAN de Fréjus-St Raphaël. Ils forment la Section d’Instruction en Vol chargée de faire la sélection des élèves pilotes du Cours Préparatoire à l’Aéronautique Navale (CPAN). Ainsi le petit Rallye jaune sera le premier contact avec un avion de quasiment tous les élèves qui évolueront sur Super-Etendard, Crusader, Atlantic et bien d’autres en service dans la marine

Pendant la vingtaine d’heures de vol que dure la sélection, les élèves sont évalués par leurs instructeurs avant de rejoindre la BA 709 de Cognac où le Fouga prend la suite de leur formation.

En 1979, l’Aéronautique Navale acquiert 9 Mudry Cap 10B qui succèdent au Rallye dans le rôle de sélection en vol. Les Rallye quittent Fréjus en 1980 et rejoignent Lanvéoc.

En septembre 1981, l’ERC (Escadrille de Réception et de Convoyage) de Cuers dispose également d’un appareil. Les missions alors attribuées à l’ERC sont :

  • Le convoyage des avions de la Marine
  • La réception et la mise au point des avions sortant de visite de l’Atelier Industriel Aéronautique de Cuers.

Le Rallye a pour tâche le transport du personnel navigant d’une base à une autre.

En 1995, la 10S fusionne avec l’ERC, pour donner l’ERCE (Escadrille de Réception, de Convoyage et d’Expérimentation) et récupère le Rallye, désormais basé à Hyères…

Une autre formation a reçu quelques Rallye, la 51S qui renaît le 1er mars 1985 sous le nom d’École d’Initiation au Pilotage (EIP) et escadrille 51.S sur la BAN Rochefort avec des CAP 10B et les Rallye. Ceux-ci sont réaffectés à partir de 1988 à l’escadrille 50S de la BAN Lanvéoc-Poulmic. En 1992, on compte 4 Rallye à Rochefort et 10 à Lanvéoc.

La SVS, le 1er novembre 1984, change de nom pour devenir la 50S. Sa mission assurer l’initiation et l’évaluation en vol des élèves de l’Ecole Navale et de l’Ecole Militaire de la Flotte. Les élèves de l’Ecole Navale ont ainsi la possibilité de s’initier au pilotage des avions légers, suscitant par la même occasion chez certains d’entre eux une vocation nouvelle pour devenir des pilotes.

Au cours de ces années, le monomoteur acquiert un surnom : « Canari » du fait de sa couleur jaune. Ce sera d’ailleurs l’indicatif des appareils de la 50S.

La 50 S dispose, au plus fort de ses missions, de 9 cap 10B et de 15 Rallye, bien trop par rapport aux besoins de la Marine qui à l’époque est en pleine restructuration. Il est décidé de vendre les 6 exemplaires acquis en 1975 (82 à 86). Ces appareils quittent les registres de l’Aéronautique Navale en 1997.

En moyenne, suivant les visites des appareils, l’escadrille est dotée de 7 Rallye et 7 Cap 10B servis par 13 moniteurs et 17 techniciens. Les moniteurs sont très sollicités puisqu’ils peuvent effectuer jusqu’à 3 missions par jour et 250 heures de vol par an.

Les promos d’EOPAN se succèdent à Lanvéoc, quant aux Rallye ils sont principalement utilisés par les élèves de l’Ecole Navale.

En 2008 Le Rallye 2463 reçoit une décoration spéciale inspirée de celle des Avions de l’Aéronautique Navale qui en 1956 ont participé à l’opération Mousquetaire, lors de la crise de Suez (décoration bleu nuit avec des bandes d’identification rapide jaunes et une dérive tricolore).

La retraite

En septembre 2013, 3 Cirrus SR-20, loués pour le compte de la Marine par Cassidian, arrivent pour relever les Rallye qui avaient déjà dans le passé remplacé les Alcyons. Durant leur période d’active les Rallye virent passer la quasi-totalité des élèves pilotes de l’Aéronautique Navale.

Les petits Canaris jaunes donnèrent ainsi naissance à bien plus de 3 générations de pilotes, en étant le premier échelon de sélection, avec à l’issue leurs premières ailes.

A ce titre ils sont à considérer comme de véritables acteurs du rayonnement de l’aviation militaire française et plus spécialement de la Marine.

L’avenir des canaris au sein des associations « Armor Aéro Passion » et « Héritage Avions Morane-Saulnier »

Ces Rallyes basés autrefois à Lanvéoc Poulmic pour sélectionner les futurs pilotes de l’aéronavale avant de poursuivre vers les écoles de pilotage de l’armée de l’air ont été conçus spécifiquement pour les besoins de l’aéronavale. Ils sont uniques. Ils ont été cédé à titre gracieux par la marine à deux associations « Armor Aéro Passion » et « Héritage Avions Morane-Saulnier »

Ces Rallyes sont attendus pour venir gonfler la flotte des appareils anciens ayant appartenu à l’aéronavale qu’ « Armor Aéro Passion » présente au public lors des manifestations aériennes organisées en France. Cette flotte est actuellement constituée du Morane-Saulnier 760 « Paris », du Fouga Zéphyr mais aussi de deux MS 733 et d’un Breguet 1050 « Alizé ». Tous ces avions anciens font aujourd’hui partie du patrimoine national.

L’Association  » Héritage Avions Morane-Saulnier  » est une association créée en 1983, qui a pour vocation de protéger, préserver, et promouvoir le patrimoine historique et humain de la société Morane-Saulnier, fabriquant d’avions depuis 1911. Cette association basée au sein de l’usine Daher, héritière de la Socata et de La société Morane Saulnier a, en plus de ses diverses activités de promotion et de maintien au sein du monde aéronautique de l’histoire d’une entreprise plus que centenaire et unique au mode, la volonté de faire renaître des avions MS historiques.

L’héritage d’études issues de prototypes crées dès 1946

Ces Rallye 100 S, issus de la famille Morane Saulnier sont l’image de marque et du savoir-faire d’un industriel aéronautique français. Ils représentent les innovations technologiques et la mise en place d’une politique de l’accession à l’aviation légère vers le plus grand nombre.

De conception ancienne ils ont bénéficié des études faites dans les années d’après-guerre, au travers des prototypes que l’équipe de Jean Rostaing, Directeur du Bureau d’études de Morane-Saulnier a développé. Par exemple, les becs du Rallye proviennent du MS 500 (ex-Fieseler Storch) sur lequel ils étaient commandés par le pilote.

Par la suite, le bureau d’études a travaillé sur des projets d’avion militaire qui ont abouti au MS 1500 Epervier dont la conception d’origine remonte au MS 740 en 1948. Ce bimoteur qui est passé de monomoteur à monoturbine a donné naissance au MS 1500 Epervier en 1955 avec un premier vol en 1958. Le MS 880 a bénéficié de ces études..

Présentation des Rallye 100S, issus de l’aéronautique navale, en vue d’un classement en avion de collection

Les deux avions des associations « Armor Aéro Passion » et « Héritage Avions Morane-Saulnier » font l’objet d’une demande auprès de la DGAC, en vue d’un classement en avion de collection au regard de l’arrêté du 28 février 2006 relatif au certificat de navigabilité restreint d’aéronef de collection (CNRAC) : Un CNRAC peut être délivré à un aéronef :

Aéronef présentant un intérêt historique ou patrimonial et dont le classement en tant qu’aéronef de collection est nécessaire à la préservation du patrimoine historique.

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